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7/29/2014

Il faut sonner de la trompette

Jean Kay détourne le vol 711 pour réclamer des médicaments pour le Bangladesh

” Quand on représente une cause (presque) perdue, il faut sonner de la trompette, sauter sur son cheval et tenter la dernière sortie, faute de quoi l’on meurt de vieillesse triste au fond de la forteresse oubliée que personne n’assiège plus parce que la vie s’en est allée. ”

Jean Raspail

Barbarie et superstition


"Rien n'apparaît plus absurde que cette idée de progrès qui, avec son corollaire de la supériorité de la civilisation moderne, s'était déjà créé des alibis «positifs» en falsifiant l'histoire, en insinuant dans les esprits des mythes délétères, en proclamant sa souveraineté dans ces carrefours de l'idéologie plébéienne dont, en dernière analyse, elle est issue. Il faut être descendu bien bas pour en être arrivé à célébrer l'apothéose de la sagesse cadavérique, seul terme applicable à une sagesse qui, dans l'homme moderne, qui est le dernier homme, ne voit pas le vieil homme, le décrépit, le vaincu, l'homme crépusculaire, mais glorifie, au contraire, en lui le dominateur, le justificateur, le vraiment vivant. Il faut, en tout cas, que les modernes aient atteint un bien étrange état d'aveuglement pour avoir sérieusement pensé pouvoir tout jauger à leur aune et considérer leur civilisation comme une civilisation privilégiée, en fonction de laquelle était quasiment préordonnée, l'histoire du monde et en dehors de laquelle on ne pourrait trouver qu'obscurité, barbarie et superstition."

Julius Evola

L'encre de ton sang



"De tout ce qui est écrit, je n'aime que ce que l'on écrit avec son propre sang. Écris avec ton sang, et tu apprendras que le sang est esprit."

Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra


Barabbas !



"Sans Barabbas, point de Rédemption. Dieu n'aurait pas été digne de créer le monde, s'il avait oublié dans le néant l'immense Racaille qui devait un jour le crucifier."

Léon Bloy, La Femme pauvre

L'idéal, c'est de vivre

Le Colonel Chabert et le maréchal Murat emmène l’une des plus grosses charges de cavalerie de l’histoire militaire (12000 hommes et chevaux) lors de la bataille d’Eylau.

"Comprenons-nous, mes enfants, il n'y a pas un idéal qui vaille la mort d'un homme, parce que l'idéal, c'est de vivre."

Antoine Blondin, L'Europe buissonnière


7/26/2014

Course d'obstacles avec handicap



"Le plaisir érotique est une course d'obstacles.
L'obstacle le plus attrayant et le plus populaire est la morale."

Karl Kraus

Chacun a droit à ses secondes de bêtise... ou d'ignorance.

Jeune fille pleurant sa sœur après un bombardement

"Une des horreurs de la guerre sur laquelle on n'attire pas l'attention, c'est que les femmes y soient épargnées." 

Henry de Montherlant

Pierrot n'est pas fou



"Il y a eu la civilisation antique, la civilisation de la Renaissance, nous sommes entrés dans la civilisation du cul. "

Jean-Paul Belmondo feuilletant un magazine érotique dans Pierrot le fou, de Jean-Luc Godard (1965)

Il sonne une cloche de feu


« Pendant que les fonds publics s'écoulent en fêtes de fraternité, il sonne une cloche de feu rose dans les nuages. »


Arthur Rimbaud, Illuminations

7/25/2014

"Mon livre de chevet, c'est un revolver." (J. Rigaut)



"Le suicide c'est la ressource des hommes dont le ressort a été rongé par la rouille."

Pierre Drieu la Rochelle, Le Feu Follet

7/22/2014

On tue en douceur


Qu'est-ce que vous regardez ?Qu'est-ce que vous guettez ?J'suis pas une bête curieuse, moi ! Qu'est-ce que vous attendez ? Ah ! Vous attendez que j'saute ! Ah ! Un assassin, c'est intéressant un assassin ! J'suis un assassin ! Mais les assassins, ça court les rues ! Y'en a partout ! Tout le monde tue ! Tout le monde tue un p'tit peu ! Seulement, on tue en douceur, alors ça s'voit pas ! C'est comme le sable, c'est en dedans ! Là, en dedans!

Jean Gabin, Le jour se lève.

Seuls, sans idéal, sans victoire.


"J’ai bousculé les vieux pour mieux fouiller la maison, terroriser et ne pas risquer d’être surpris. Naturellement, je hurlais — c’est la consigne, la logique : on doit hurler. C’est à ce moment-là qu’elle est partie en courant. De la porte, j’ai lâché une courte rafale pour l’obliger à se coucher, mais mon chargeur s’est bloqué ; le temps de le dégager, et elle avait atteint l’orée du village et la diguette. Elle courait à petits pas pressés. Les gars se sont alors mis en position sur la lisière, doucement, en prenant bien leur temps, comme à la foire. J’ai vu une traceuse ricocher sur le petit corps et grimper en chandelle vers le ciel, comme une âme assoiffée de Dieu. Elle s’est arrêtée, comme essoufflée. Puis elle a encore fait deux ou trois pas, les bras ballants, avant de s’affaisser sur elle-même, dans ses vêtements, comme un suaire abandonné par son fantôme. Elle avait été jolie, fine, menue, comme seuls peuvent l’être ces merveilleux enfants du Viêt-nam. Elle n’était plus qu’un minuscule tas de vêtements. Il n’y avait plus d’intelligence, plus de beauté, plus de rire dans le monde. Elle avait tout emporté avec elle — tout l’amour, toute la joie de vivre — nous laissant seuls, sans idéal, sans victoire."

Albert Spaggiari 

Dans mes dégoûts surtout, j’ai des goûts élégants



« Dans mes dégoûts surtout, j’ai des goûts élégants ; Tu sais j’avais lâché la vie avec des gants. » 

Tristan Corbière

Un Etat, tarte à la crème



"L'intégrisme est à l'œuvre du côté du savoir sur le pouvoir dans la société prétendue transparente : décerveler en proposant la politique comme un produit, et la pensée comme une cuisine sans mystère. Prenez les ingrédients, économiques et financiers, démographiques, psycho-religieux, militaro-stratégiques, etc ; ajoutez les parfums culturels ; passez au four sociologique après avoir remué en agitant le fouet de la démocratie individualiste. Cela doit donner un état, tarte à la crème que vendront les démarcheurs du marketing politique planétaire, conservateur ou progressiste, au choix"


Pierre Legendre, Miroir d'une Nation

Je suis fou !


"J’aime la folie, toute ma vie en est un exemple."

Edouard Limonov

I hate to advocate drugs, alcohol, violence,



I hate to advocate drugs, alcohol, violence, or insanity to anyone, but they’ve always worked for me.
  Hunter S. Thompson 

7/20/2014

La France débilitée n’a plus l’énergie...



"La France débilitée n’a plus l’énergie de faire de la matière française avec les éléments étrangers. Je l’ai vu dans l’Est, où sont les principaux laboratoires de Français. […] À toutes les époques la France […] ramassait ces étrangers pour s’en fortifier. Aujourd’hui, ces vagabonds nous transforment à leur ressemblance ! "
Maurice Barrès, Les Déracinés

C’était la vie mais c’était aussi la conscience.



"Ce qui se transmettait ainsi de génération en génération, avec le lent progrès d’une croissance d’arbre, c’était la vie mais c’était aussi la conscience. Quelle mystérieuse ascension ! D’une lave en fusion, d’une pâte d’étoile, d’une cellule vivante germée par un miracle dont nous sommes issus, et, peu à peu, nous nous sommes élevés jusqu’à écrire des cantates et à peser des voies lactées. "
Antoine de Saint-Exupéry 

Rien ne s'impose à moi !


"Il y a des moments où il faut choisir entre vivre sa propre vie pleinement, entièrement, complètement, ou traîner l’existence dégradante, creuse et fausse que le monde, dans son hypocrisie, nous impose. "


Oscar Wilde 

Renie ton âme !



"Les dictateurs ne se présentent plus à leur peuple le fouet au poing, ils lui disent : Nous n’en voulons à rien qui te soit réellement utile, nous n’en voulons qu’à ton âme. Consens à nous, comme tu consens aux autres nécessités de la vie ; ne discute pas notre droit, laisse-nous juger à ta place du bien et du mal. Donne-nous ton âme une fois pour toutes, et tu t’apercevras bien vite qu’il ne t’en a coûté qu’un sacrifice d’amour-propre, qu’elle t’était une charge au-dessus de tes forces, un luxe ruineux. Renie ton âme, et, dispensé ainsi de te gouverner, nous t’administrerons comme un capital, nous ferons de toi un matériel si efficace, que rien ne pourra y résister. Les hommes sans conscience, groupés en colonies comparables à celles des termites, auront facilement raison des autres. La Bête humaine, industrieuse et sagace, soigneusement sélectionnée, selon les meilleures méthodes, ne fera qu’une bouchée du pauvre rêveur qu’on appelait autrefois l’homme moral, assez sot pour payer d’épreuves sans nombre la vaine gloire de se distinguer des animaux par d’autres qualités qu’une ruse et une cruauté supérieures. Toutes les richesses de la terre appartiennent d’avance à ceux qui se seront engagés les premiers dans la nouvelle voie, qui auront les premiers renié leurs âmes… "

G. Bernanos, Lettre aux Anglais 

7/18/2014

La guerre, un cri, des odeurs...


"Je conserve toujours, profondément imprimé dans ma mémoire, un chaos de sensations éparses d’une netteté fantastique : la guerre. Un cri. Des cris, beaucoup de cris, d’appels. La pluie, le froid de l’aube. Le méchant claquement des balles. Des odeurs de bois brûlé, de mort, de poudre; de fleurs…"

Pierre Schoendoerffer

Longtemps la liberté d’expression aura été un bloc.


"Longtemps la liberté d’expression aura été un bloc. La laïcité ne transigeait pas là dessus ; c’était même pour ça qu’elle stigmatisait l’obscurantisme des Églises.  Aucune limite à la contestation. Aucune interdiction de séjour pour les idéologues,  ni pour leurs militants,  qu’ils fussent royalistes ou républicains, socialistes ou Croix-de-Feu, catholiques ou francs-maçons, communistes ou fascistes. La démocratie savait faire la différence entre ses amis et ses ennemis, elle savait mieux encore ce qui la distinguait de la dictature.  On n’était démocrate que si l’on tolérait les antidémocrates et si l’on s’abstenait d’entraîner les controverses au poste de police ou au cabinet du juge d’instruction. Avoir mauvais goût en littérature,  être odieux en politique,  médire du pouvoir à mots populaires, vitupérer ses principes, réprouver ses mœurs,  ridiculiser ses grands prêtres et renverser ses idoles, ces séditions livresques n’exposaient personne au bannissement. La société ne s’estimait pas en danger de mort lorsqu’elle était moquée par les chansonniers,  contredite par les journalistes d’opposition,  secouée par les pamphlétaires."

Pol Vandromme,  Bivouacs d’un hussard

Un itinéraire que l’on emprunte sans se hâter


Lettre de Georges Pompidou, 
Président de la République Française
à Jacques Chaban Delmas, 
Premier Ministre, en date du 17 juillet 1970

Mon cher Premier Ministre,

J’ai eu, par le plus grand des hasards, communication d’une circulaire du Ministre de l’Equipement -Direction des routes et de la circulation routière- dont je vous fais parvenir photocopie. Cette circulaire, présentée comme un projet, a en fait déjà été communiquée à de nombreux fonctionnaires chargés de son application, puisque c’est par l’un d’eux que j’en ai appris l’existence. […] La sauvegarde des arbres plantés au bord des routes -et je pense en particulier aux magnifiques routes du Midi bordées de platanes- est essentielle pour la beauté de notre pays, pour la protection de la nature, pour la sauvegarde d’un milieu humain.  La vie moderne dans son cadre de béton, de bitume et de néon créera de plus en plus chez tous un besoin d’évasion, de nature et de beauté. […] L’autoroute sera utilisée pour les transports qui n’ont d’autre objet que la rapidité. La route, elle, doit redevenir pour l’automobiliste de la fin du vingtième siècle ce qu’était le chemin pour le piéton ou le cavalier : un itinéraire que l’on emprunte sans se hâter, en en profitant pour voir la France. Que l’on se garde donc de détruire systématiquement ce qui en fait la beauté !


Georges Pompidou

7/15/2014

S'engager à tout lire, sinon s'abstenir.


"On ne peut ouvrir un livre sans s'engager à les lire tous."

R.M.Rilke

Seul parmi les tourments



"Essayez de vous représenter un homme d'action, une espèce d'explorateur en partance. La force de sa parole a suscité quelques enthousiastes qui ont décidé de le suivre. Le commencement du voyage est un triomphe. Pluie de fleurs, acclamations, délire de la multitude. Dans les villes et dans les villages on pavoise, on illumine, on régale les audacieux. Les campagnes même sont en ribote sur leur passage.
Pourtant l'allégresse diminue bientôt. On entre dans des pays nouveaux qui ne savent rien, qui ne comprennent rien et qui s'en fichent. Quelquefois aussi les voyageurs excitent la défiance. Le désir passionné du OUI ou du NON évangéliques, exclusifs de toute autre forme du discours, n'est certes pas une recommandation. Insensiblement les victuailles et les vins fins sont remplacés par les épluchures, et le contenu des pots de chambre succède aux fleurs.
L'enthousiasme des compagnons est déjà tout à fait éteint. Plusieurs se sont éloignés sous divers prétextes et ne sont pas revenus. Les rares fidèles, à leur tour, cherchent le moyen de fuir, sans trop se déshonorer. On n'avait pas prévu qu'il y aurait à souffrir.
Toutefois on se résigne encore par pudeur ou par orgueil. Aussi longtemps qu'il y aura des habitations humaines et des hommes bons ou mauvais, avec un peu d'énergie, le voyage pourra être supporté.
Mais voici que les unes et les autres se clairsèment. On entre dans le désert, dans la solitude. Voici le Froid, les Ténèbres, la Faim, la Soif, la Fatigue immense, la tristesse épouvantable, l'Agonie, la Sueur de sang...
Le téméraire cherche ses compagnons. Il comprend alors que c'est le bon plaisir de Dieu qu'il soit seul parmi les tourments et il va dans l'immensité noire, portant devant lui son cœur comme un flambeau."

Léon Bloy, L'Invendable

7/13/2014

L'agrément de la vie


"L'agrément de la vie, c'est de choisir en ayant l'air d'ignorer le hasard."

Marcel Aymé

7/12/2014

Les Ôteurs de sainteté !



"Les écrivains tombaient comme des mouches, remplacés par les "auteurs", ces espèces de techniciens de surface du supplément d'âme préfabriqué [...]. Avec Céline, l'outrage avait commencé à devenir récit. L'offense conduisait le bal. La complexité de l'humanité se réorganisait dans la trame radieuse d'une tapisserie d'injures. On pouvait le continuer, les motifs ne manquaient pas. Ils manquent moins que jamais aujourd'hui." 

Philippe Muray

Le bien normatif


"Le Bien a vraiment tout envahi ; un Bien un peu spécial, évidemment, ce qui complique encore les choses. Une Vertu de mascarade ; ou plutôt, plus justement, ce qui reste de la Vertu quand la virulence du Vice a cessé de l’asticoter. Ce Bien réchauffé, ce Bien en revival que j’évoque est un peu à l’ « Être infiniment bon » de la théologie ce qu’un quartier réhabilité est à un quartier d’autrefois, construit lentement, rassemblé patiemment, au gré des siècles et des hasards ; ou une cochonnerie d’« espace arboré » à de bons vieux arbres normaux, poussés n’importe comment, sans rien demander à personne ; ou encore, si on préfère, une liste de best-sellers de maintenant à l’histoire de la littérature."

Philippe Muray, L'empire du bien

Une fureur : c’était une foule !


"Ce qui me réveilla ce fut, se surajoutant au bruit des vagues, une rumeur qui allait s’amplifiant, qui bientôt devint énorme, qui n’emplit les oreilles comme une fureur : c’était une foule. J’ouvris les yeux. La plage était colorée de monde. Les parasols étaient ouverts de tous côtés. Les marchands de glaces et de limonades faisaient étalage. Des corps nus étaient allongés sur tout le sable, des enfants criaient, des garçons jouaient à la balle, des troupes entières couraient à la mer et s’y brisaient dans des cavernes d’écumes, les nageurs revenaient au bord étendre leurs cuisses brunies et d’une jetée de bois mille jambes balançaient au-dessus des vagues courtes. De ce sommeil qui seul séparait l’ombre du séminaire de la lumière crue de ce matin-là, les routes froides de ce sable de fièvre, je m’éveillai éberlué comme un mort qui ressusciterait au milieu d’un carnaval. Ce monde, ces cris, ces couleurs m’emplirent d’une sorte de frénésie et j’étais ivre d’y appartenir ; je m’étirai, je me relevai, que de monde ! que de sable ! que d’air ! que d’eau ! que d’éclats !"

Maurice Sachs

L'inaptitude de la gloire à la modernité


« La gloire est une incompréhension, peut-être la pire.  »

Jorge Luis Borges, Fiction

7/10/2014

Petit livre rouge et missel.

Père Camillo Torres engagé au sein d'un mouvement de guérilla


"Les chrétiens eux-mêmes ne songent qu’à démontrer deux choses : d’abord que le Christ ne manquait pas de bonne volonté et que, s’il avait vécu plus longtemps, il aurait lu Marx et en aurait tiré des conclusions"

Roger Nimier, Les Enfants tristes

Temps de fous ! Tant de fous !


«C’est un malheur du temps que les fous guident les aveugles. »

William Shakespeare

7/09/2014

Anarchy is order


« Il s’agit ici de marquer des différences : l’amour est anarchique, le mariage non. Le guerrier est anarchique, le soldat non. L’homicide est anarchique, non l’assassinat. Le Christ est anarchique, saint Paul ne l’est pas. Comme cependant l’anarchie, c’est la normale, elle existe aussi en saint Paul et explose parfois violemment en lui. Ce ne sont pas là des antithèses, mais des degrés. L’histoire mondiale est mue par l’anarchie. En un mot : l’homme libre est anarchique, l’anarchiste ne l’est pas. »

Ernst Jünger, Eumeswil.

7/08/2014

Le salut de la communauté


« De même que chaque matelot est l’un des membres d’une communauté, ainsi en est-il disons-nous, du citoyen. Ces matelots ont beau différer par leur capacité (l’un est rameur, un autre pilote, un autre la vigie, un autre reçoit quelque autre dénomination du même genre), il est clair que la définition la plus exacte de la perfection de chacun n’est propre qu’à lui, mais qu’il y en aura également une qui sera commune et qui s’adaptera à tous : en effet, la sécurité de la navigation est leur tâche à tous, car c’est à cela qu’aspire chacun des matelots. Il en va donc de même des citoyens : ils ont beau être dissemblables entre eux, leur tâche, c’est le salut de la communauté. »

Aristote, « Politique ». 

7/06/2014

L'époque obligeait !



"A vingt ans je n'avais déjà plus que du passé"

Louis-Ferdinand Céline

Vanité versus simplicité !



"Il y a quelque chose de plus haut que l'orgueil, et de plus noble que la vanité, c'est la modestie, et quelque chose de plus rare que la modestie, c'est la simplicité"
 

Antoine de Rivarol

7/05/2014

Le monde moderne, le cul entre deux chaises


"Aussitôt après nous commence le monde que nous avons nommé, que nous ne cesserons pas de nommer le monde moderne. Le monde qui fait le malin. Le monde des intelligents, des avancés, de ceux qui savent, de ceux à qui on n’en remontre pas, de ceux à qui on n’en fait pas accroire.
 
Le monde de ceux à qui on n’a plus rien à apprendre. Le monde de ceux qui font le malin. Le monde de ceux qui ne sont pas des dupes, des imbéciles. Comme nous. C’est-à-dire : le monde de ceux qui ne croient à rien, pas même à l’athéisme, qui ne se dévouent, qui ne se sacrifient à rien. Exactement : le monde de ceux qui n’ont pas de mystique. Et qui s’en vantent.
 
Que l’on m’entende bien. Je ne dis pas que c’est pour toujours. Cette race en a vu bien d’autres. Mais enfin c’est pour le temps présent.

Et nous y sommes.
 
Nous avons même des raisons très profondes d’espérer que ce ne sera pas pour longtemps."

Charles Péguy – Notre jeunesse

Honorer le risque


"Aussi longtemps qu'il y aura des soldats dans le monde, vous ne les empêcherez pas d'honorer le risque, et qui honore le risque, honore l'ennemi."

Georges Bernanos.

Le déclin du courage




"Le déclin du courage est peut-être le trait le plus saillant de l’Ouest."

Alexandre Soljénitsyne
 

Insolence



"Mort, peut-être, mouillé, jamais!"
Forfanterie de Sainte-Beuve, lors d’un duel sou la pluie contre Dubois.

Nous pouvons tenter d’aborder les romans. Ce sont des îles, proches !

Orage d'acier


 Nous pouvons tenter d’aborder les romans. Ce sont des îles, proches mais d’un accès escarpé – des régions qui parfois s’estompent et s’engloutissent dans le brouillard.
     On ne sait de quelle façon et de quel côté y accoster. La marée souffle en tempête. Aucun port ne dessine sa rade. On n’aura une chance de toucher au but, d’atteindre la côte qui annonce l’arrière-pays qu’en se fiant, sur des routes sans escale, au flair des contrebandiers.
     On craint de s’aventurer seul et l’on se réfère de confiance à des guides. On prononce des noms : Drieu, Morand, Céline. L’application des critiques s’avoue ainsi. Elle explique Nimier par autrui, en oubliant qu’il serait plus intelligent et plus juste de l’expliquer par lui-même. Tout se passe comme si le Grand d’Espagne n’avait pas été écrit. Nous ne pardonnons pas aisément cet oubli. C’est la faute capitale.
     A tous égards, le Grand d’Espagne doit être regarde comme le livre-carrefour. Tout converge vers lui. Quand il paraît – au printemps 1950 – il y a un an et demi que les Epées a été publié, et cette sortie a précédé de quelques semaines celle de Perfide. A l’automne, le Hussard bleu lancera la mode, et l’année suivante, à la même saison, ce sera le tour des Enfants tristes et de Amour et néant. Si l’on veut bien considérer qu’Histoire d’un amour (1953) est une espèce de perfection, mais la perfection glacée d’un exercice, on conviendra que Nimier a tout dit en quelques mois. Vers 1950, à l’époque du Grand d’Espagne, son œuvre romanesque est achevée.
     Or le Grand d’Espagne est un livre si personnel, si proche du cœur de Roger Nimier, si étranger à toute combine littéraire – panorama d’une sensibilité, d’une intelligence et, à travers elles, d’un temps – qu’il ne laisse place pour aucune ambiguïté. Il est permis de le tenir pour un recueil de textes à la condition de préciser qu’il s’agit d’un recueil de textes d’intimité. Un journal, à sa manière, qui renâcle devant la manière commune : autobiographie spirituelle (l’anecdote, c’est le pittoresque, et Nimier la fuyait) et commentaire d’une œuvre.
     Il faut boire à cette fontaine. L’eau des baptêmes, qui oint comme un sacre, y coule. Le roman, chez Nimier, c’est autre chose : une façon de troubler cette eau ou, en tout cas, de la rendre moins claire.
     Cette clarté si vive, et disons-le, si sauvage aveuglait. Rien de tel pour garder les yeux ouverts, du moins lorsqu’on est entraîné à farfouiller dans le feu de la neige. Ce qui subsistait, cette limpidité et cette brûlure, c’était, dans le Grand d’Espagne, Nimier tout entier : le songe de lui-même et du monde.
     Le songe ne s’est pas évanoui dans les romans : il les baigne toujours, mais en les roulant dans l’écume. Quelque chose de tourbillonnant, et comme d’extérieur, quelque chose d’encombré, une sorte de frénésie qui caracole, une rumeur moins nue, avec des reprises et des alternatives, contribuent à faire lever ces ombres, ghettos de la pudeur bougonne. Il y a des écrans entre Nimier et nous. L’auteur s’abrite derrière des personnages, qui, avec le secours supplémentaire des mots, servent bien ses comédies. Le faux colle au vrai. Il n’est pas facile de les séparer.
     On n’utilisera donc qu’avec circonspection les fameuses phrases griffues qui jalonnent les romans. Ce sont souvent des confidences postiches. Trop de critiques distraits, ou malveillants, les ont rapportées comme si elles étaient l’exactitude même, attribuant à Nimier ce qui ne lui revenait pas. Ils ignoraient, ou ils feignaient d’ignorer, que les romans déguisent les aveux du Grand d’Espagne.
     Nous ne retiendrons des Epées, du Hussard bleu et des Enfants tristes que ce qui est conforme au Grand d’Espagne. Procéder à ce recoupement, c’est soumettre le Nimier imaginaire au Nimier réel. On a plutôt jusqu’à présent obéi à la démarche inverse. La légende s’en est bien trouvée. Ce fut tant pis pour Nimier et pour nous.
     « Prendre le temps, le garder dans son mouchoir pour le montrer aux autres », voilà comment Roger Nimier évoquait son ami Stephen Hecquet. Ce geste de collégien lui convenait parfaitement. Le Grand d’Espagne, c’est cette prise du temps, cette garde du cœur, ce signe de la naissance et des adieux. Une sincérité, une innocence se livraient à nous. Le bavardage de Nimier avait sa voix personnelle il ne mimait pas d’autres accents. Il est donc étrange qu’entre le naturel et la simulation, on ait pris le parti de ne pas choisir le naturel.
     L’étrangeté touche à la méchanceté bête, quand on conserve présentes à l’esprit ces deux observations : d’abord tous les livres de Nimier ont été écrits à la même époque, et ensuite le Grand d’Espagne est le seul d’entre eux qui n’emprunte rien au romanesque. Par la force des choses, l’œuvre de Roger Nimier ne se dispersant pas, mais se ressentant autour d’un foyer unique, tous ces livres s’imbriquent. On dirait des tables gigognes.
     On le saura mieux lorsque sera publiée la correspondance de jeunesse de Nimier. Ce que Jean Namur a bien voulu en confier – quelques lettres de 1945 pour le numéro d’hommage d’Accent grave – creuse en nous une curiosité inextinguible et une faim que l’on ne rassasie pas hélas ! Ce goût du malheur et du bonheur mêlés, ces chemins solitaires et ces figures amicales qui conspirent contre eux, ce parfum des affections condamnées, ce dédain et cette douceur comme une escapade, cet appétit de perfection et ce qui le contrarie, c’est la part du Grand d’Espagne enfouie dans le Hussard bleu et dans les Enfants tristes. Ecoutez. « Nous sommes partis du stade le plus bas, la solitude. Et peu à peu nous avons appris à vivre en société, puis à être élégants ; puis l’imbécilité, l’importance. N’empêche il y aura derrière nous quelques années volées. Les grands péchés, ce sont la timidité, l’indécision. Combien se privent de leur bonheur par ces lâchetés ! ». Le Grand d’Espagne (« Les défauts que je vous recommande sont la frivolité, la discrétion, la pudeur, la débauche et un peu de vieillesse, mais sans excès. Pourtant, c’est bien l’excès qu’on vous reprochera. La bonhomie est la vertu du siècle. Au moment où l’Histoire gouverne tous les cœurs, le mot d’ordre semble être de ne pas faire d’histoire ») s’adosse au Hussard bleu (« Nous devons beaucoup à nos amis morts, nous leur devons tant d’années volées. Alors ce qu’ils nous demandent à voix basse, il faut le faire tout de suite »).
     Voilà un test, et assez probant. Un ouvrage à l’aiguille, point par point, mot à mot. On ne passe pas du Grand d’Espagne au Hussard bleu d’un monde à un autre ; on n’y fait pas la connaissance de deux auteurs distincts. C’est le même univers ; c’est le même système nerveux qui le régit ; c’est la même saccade des mots qui l’ébranle. Nous n’apercevons qu’une seule différence, et c’est la différence même des genres : le Grand d’Espagne commente sans porte-parole de rouerie ce que les romans représentent avec des acteurs qui se relayent ; il trace une géographie intellectuelle alors que dans les romans cette intelligence, allée à l’imaginaire, invente une géographie mythologique. D’un côté, c’est Nimier au réveil, et qui n’en finit pas de s’ébrouer dans ses rêves comme dans ses colères ; de l’autre c’est Nimier pomponné, prêt pour un dîner de têtes. On lit comme il faut les romans quand cette poudre, qui est une poudre aux yeux, n’empêche pas de deviner le visage véritable. La peau de fortune de Nimier, c’était l’infortune de son romanesque.

Pol Vandromme, Roger Nimier
Repris à partir de www.oragesdacier.info

7/04/2014

Les Français, en général, sont fort satisfaits de leur état actuel



 
"Les Français, en général, sont fort satisfaits de leur état actuel, et le croient digne d’envie. Quelque chose, un sentiment secret les avertit sourdement de leur impuissance; mais, malgré tout, ils sont convaincus qu’ils dirigent le monde; au moins moralement. (…) Pour eux, en effet, s’il est une chose qu’on ne peut pas mettre en doute, c’est que la France est le foyer du progrès, le pivot du monde intellectuel, qu’elle occupe à la tête des nations, une situation privilégiée que rien, absolument, ne peut entamer. Ni les vexations de toute nature, indignes d’un peuple libre, qu’ils subissent à l’intérieur avec leur plus gracieux sourire, ni les camouflets de toute espèce qu’ils reçoivent sans interruption à l’extérieur, et qu’ils collectionnent religieusement, ne réussissent à les détromper."

Georges Darien

Je doute du progrès




 
« Je doute du progrès, quand je vois peu à peu disparaître sur terre tout ce qui est charmant. Mais ces progrès ne me sont pas destinés : ils intéressent la foule des hommes de demain qui, sûrement, ne seront pas fait comme moi. »

Jacques Chardonne
 

L'épargne des rois.




« On nous dit que nos rois dépensaient sans compter.
Qu'ils prenaient notre argent sans prendre nos conseils
Mais quand ils construisaient de semblables merveilles,
Ne nous mettaient-ils pas notre argent de côté ? »

Sacha Guitry

Le non-sens de la foule ignare



«Expos, musées, manifestations : on est saisi par le spectacle des spectateurs bien plus que par ce qu’il y a à voir ou à entendre. Ce qui rend presque impossible la jouissance des lieux et des oeuvres, car le non-sens innombrable de la masse s’y oppose. "

Jean Baudrillard , Cool Memories IV

Le symbole même du faux-semblant



 
« Le spectacle le plus pitoyable, c’est celui de toutes ces voitures garées devant les usines et les aciéries. L’automobile représente à mes yeux le symbole même du faux-semblant et de l’illusion. Elles sont là, par milliers et par milliers, dans une telle profusion que personne, semble-t-il, n’est trop pauvre pour en posséder une. D’Europe, d’Asie, d’Afrique, les masses ouvrières tournent des regards envieux vers ce paradis ou le prolétaire s e rend à son travail en automobile. Quel pays merveilleux ce doit être, se disent-ils ! (Du moins nous plaisons nous à penser que c’est cela qu’ils se disent !) Mais ils ne demandent jamais de quel prix se paie ce privilège. Ils ne savent pas que quand l’ouvrier américain descend de son étincelant chariot métallique, il se donne corps et âme au travail le plus abêtissant que puisse accomplir un homme. Ils ne se rendent pas compte que même quand on travaille dans les meilleures conditions possibles, on peut très bien abdiquer tous ses droits d’être humain. Ils ne savent pas que (en américain) les meilleures conditions possibles cela signifie les plus gros bénéfices pour le patron, la plus totale servitude pour le travailleur, la pire tromperie pour le public en général. Ils voient une magnifique voiture brillante de tous ses chromes et qui ronronne comme un chat ; ils voient d’interminables routes macadamisées si lisses et si impeccables que le conducteur a du mal à ne pas s’endormir ; ils voient des cinémas qui ont des airs de palaces, des grands magasins aux mannequins vêtus comme des princesses. Ils voient la peinture et le chromé, les babioles, les ustensiles de toute sorte, le luxe ; ils ne voient pas l’amertume des cœurs, le scepticisme, le cynisme, le vide, la stérilité, l’absolu désespoir qui ronge l’ouvrier américain. Et d’ailleurs, ils ne veulent pas voir tout cela : ils sont assez malheureux eux-mêmes. Ce qu’ils veulent, c’est en sortir ! Ils veulent le confort, l’agrément, le luxe qui portent en eux les germes de la mort. Et ils marchent sur nos traces, aveuglément, sans réfléchir. »


Henri Miller, Le cauchemar climatisé, 1940.

Doulce France à l'ombre des platanes



"Mesdames et messieurs, lorsque vous pensez à la France, si vous ne l’avez jamais vue, ne pensez pas d’abord à ses bibliothèques et à ses musées, mais à ses belles routes pleines d’ombre, à ses fleuves tranquilles, à ses villages fleuris, à ses vieilles églises rurales, six ou sept fois centenaires, à ses villes illustres, toutes ruisselantes d’histoire, mais d’un accueil simple et discret, à nos vieux palais construits si près du sol, en un si parfait accord avec l’horizon qu’un Américain, habitué aux gratte-ciel de son pays, risquerait de passer auprès d’eux sans les voir. Et lorsque vous pensez à notre littérature, pensez-y aussi comme à une espèce de paysage presque semblable à celui que je viens de décrire, aussi familier, aussi accessible à tous, car nos plus grandes œuvres sont aussi les plus proches de l’expérience et du cœur des hommes, de leurs joies et de leurs peines."


Georges Bernanos, Le Chemin de la Croix-des-Ames.

L'homme, cette bête à viande.




« Tout confort se paie. La condition d’animal domestique entraîne celle d’animal de boucherie. »

Ernst Jünger

Trahison !



 
"Le capitalisme fait la guerre à la famille pour la même raison qu’il combat les syndicats. S’il existe un lien, un sentiment de fraternité, une discipline familiale ou corporatiste, grâce à quoi les pauvres puissent s’entraider, ces émancipateurs luttent pour relâcher ce lien, ou détruire cette discipline."


G.K. Chesterton, La Superstition du divorce, 1920.
 

7/03/2014

Transmettre, c'est l'idée de flambeau !





"La transmission de la mémoire, c’est un devoir. Mais il faut transmettre en témoin, pas en justicier. Je n’aime pas ceux qui décident qui est un salaud et qui est un type très bien."

Hélie Denoix de Saint Marc