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7/12/2014

Une fureur : c’était une foule !


"Ce qui me réveilla ce fut, se surajoutant au bruit des vagues, une rumeur qui allait s’amplifiant, qui bientôt devint énorme, qui n’emplit les oreilles comme une fureur : c’était une foule. J’ouvris les yeux. La plage était colorée de monde. Les parasols étaient ouverts de tous côtés. Les marchands de glaces et de limonades faisaient étalage. Des corps nus étaient allongés sur tout le sable, des enfants criaient, des garçons jouaient à la balle, des troupes entières couraient à la mer et s’y brisaient dans des cavernes d’écumes, les nageurs revenaient au bord étendre leurs cuisses brunies et d’une jetée de bois mille jambes balançaient au-dessus des vagues courtes. De ce sommeil qui seul séparait l’ombre du séminaire de la lumière crue de ce matin-là, les routes froides de ce sable de fièvre, je m’éveillai éberlué comme un mort qui ressusciterait au milieu d’un carnaval. Ce monde, ces cris, ces couleurs m’emplirent d’une sorte de frénésie et j’étais ivre d’y appartenir ; je m’étirai, je me relevai, que de monde ! que de sable ! que d’air ! que d’eau ! que d’éclats !"

Maurice Sachs

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