Qui aujourd’hui le poursuit? Une poignée de nostalgiques, et quand bien même, cela suffirait à maintenir vivant cet écrivain si français disparu en 1992. Mais ne vous méprenez pas : ces lecteurs-là ne regrettent pas tant une époque qu’une certaine manière de s’en sortir avec les mots, de nouer la langue commune à la langue classique pour la faire sourire. Folliculaire de la réaction, écrivain du transcourant, styliste hors-pair qui buvait avec soin afin d’éviter tout faux-pli dans le jugement, il eut la faiblesse de ne jamais dire non à l’aventure et au voyage. Il tenait la littérature pour un art d’agrément qui aurait pris tournure de gagne-pain. Luxuriance du style et vocabulaire richissime. Ajoutez-y périphrases et métaphores de qualité, un humour finement ciselé, et vous avez là une cuvée qui vous fait claquer la langue française au palais.
L’oeuvre de Perret conjugue au présent la première des vérités temporelles ; l’incompatibilité entre l’augmentation constante du niveau de vie et le maintien de la qualité de la vie ; la certitude que dans les sociétés libérales la loi du marché, frénésie contraignante, exaspère la sauvagerie du capitalisme et, dans les sociétés encasernées, l’étouffoir d’une bureaucratie omniprésente et parodique ajoute le ridicule à la cruauté bestiale d’un Etat policier. Bref, qu’on ne gouverne pas les hommes par la seule efficacité économique et la promesse d’un progrès social infini ou par une pensée messianique organisée selon la méthode de la terreur jacobine et expérimentée comme un nihilisme en transe.
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