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7/01/2017

L'instinct de mort


"J'avais pris l'habitude de regarder autour de moi, d'observer ceux que je côtoyais dans la rue, dans le métro, au petit restaurant où je prenais mes repas de midi. Qu'avais-je vu ? Des gueules tristes, des regards fatigués, des individus usés par un travail mal payé, mais bien obligés de le faire pour survivre, ne pouvant s'offrir que le strict minimum. Des êtres condamnés à la médiocrité perpétuelle, des êtres semblables par leur habillement et leur problèmes financiers en fin de mois. Des êtres connaissant leur avenir puisque n'en ayant pas. Des robots exploités et fichés, respectueux des lois plus par peur que par honnêteté morale. Des soumis, des vaincus, des esclaves du réveille-matin. J'en faisais partie par obligation, mais je me sentais étranger à ces gens-là.
Je savais que par mon travail je resterais toujours un médiocre, un anonyme. Je ne croyais plus en l'amour pour en avoir goûté le fruit trop tôt; je l'avais cueilli avant qu'il soit mûr et son goût amer m'était resté. Peut-être que je me cherchais bon nombre d'excuses pour motiver ce que j'allais faire. En réalité, j'étais un inadapté social, un peu fainéant, joueur, buveur, aimant le risque et les filles, un être attiré par la vie nocturne, les bars louches et les putes."

Jacques Mesrine, L'instinct de mort


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