Je veux des crèches partout. Pas seulement dans les bâtiments
publics, mais à chaque coin de rue, sur les places de village, sous les
abri-bus, dans les bistrots... Je veux l'obligation pour toute personne
qui se dit française d'avoir une crèche chez elle. Je veux des
patrouilles de Croisés pour vérifier la bonne application de cette
directive. Je veux des étendards à sacré coeur sur tous les immeubles,
sur le moindre édifice, et je veux de grands bûchers pour tout ceux à
qui cela déplaît et qui me cassent les couilles. Parce qu'ici c'est
comme ça, c'est la France, c'est les santons de Provence et le petit
Jésus. Ni mieux ni pire qu'ailleurs, mais c'est ici. Des millions de
crétins se sont fait tuer pour avoir le droit de vivre comme leurs
ancêtres. Alors quand on vient ici, on s'essuie les pieds, on ôte son
chapeau, on s'accommode et on ferme sa gueule. On profite en remerciant
le ciel, ou ce qu'on veut, d'avoir le droit d'y être. Des pays il y en a
plein, et pour les mécontents, il y a les vols low-cost. Ici c'est chez
moi et je vous emmerde. Partez à Londres si la fiscalité vous déplaît
où à Téhéran si le menu de la cantine ne vous convient pas, mais
débarrassez-moi de vos mines geignardes et revendicatives. Laissez-nous
entre beaufs, entre consanguins, entre aigris, entre ploucs. Faites
profitez d'autres contrées de vos mirifiques apports. Mais foutez-moi la
paix. Laissez moi végéter entre la petitesse de mon clocher, la
poussière de ma bibliothèque et la mythologie des batailles de mes
pères. Cette terre qui ne vous parle pas, ces pierres qui vous
indifférent, ces mets qui vous indisposent, ces coutumes qui vous
heurtent, laissez-les moi et cherchez ailleurs un havre pour vos rites,
vos passions, vos projets, vos combines, vos pulsions... Ici c'est
Notre-Dame, Lourdes, Chartres, Surcouf, Jeanne D'arc, Victor Hugo, Louis
Rossel et une armée de fils indignes de tout cela mais qui ne
pourraient respirer sans ces ombres gigantesques. Alors, nomades
ethniques ou financiers, laissez-nous, trouvez ou retrouvez la route qui
est la vôtre. Avant qu'il n'y ait plus d'autre solution que de vous
haïr.
http://amoyquechault2.over-blog.com/2014/12/yam.html
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