« Il faut exiger un regard attentif aux nuances de toutes les formes de vie. Il faut opposer aux identités factices, aux fausses permanences, à la destruction de l’expérience et aux pluralités indifférentes, indolores et dé-liées qui marquent la culture contemporaine ce maniérisme des pratiques, cet avenir des nuances, des modalités et des singularités. Pasolini avait cessé d’y croire, lorsqu’il voyait s’éteindre l’éclat subtil des lucioles dans le paysage contemporain, c’est-à-dire aussi dans les esprits, les gestes, les formes de l’attention et de la vie collective. Mais c’est bien cette force de rayonnement ordinaire qu’il faut défendre et rechercher partout où elle s’invente. Comme l’écrit Michel Deguy, “Comprenez-vous qu’avant qu’il soit trop tard il faut changer les livres en notre âme, faire monter dans l’arche toutes les figures, traduire, traduire sans relâche les paraboles en poèmes, en citations pour nos circonstances, en entretiens, en ordinaires du jour…?" »
Marielle Macé, Façons de lire, manières d’être
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