L’anarchiste apparaît à la fin du XIXe siècle. Il refuse, au nom des
libertés individuelles, la notion de progrès que lui impose la société
industrielle en train de se constituer.
L’anarchiste de droite n’est pas un simple individualiste. Il ancre
ses valeurs dans le refus de la démocratie. Il s’élève contre les normes
rigides des pensées et des comportements nés de la révolution
industrielle et se veut le défenseur des valeurs aristocratiques
traditionnelles de la France.
I. Refuser la démocratie.
L’anarchiste de droite refuse philosophiquement l’héritage de 1789.
Il refuse le postulat égalitaire légué par la Révolution française et
nie la légitimité de la majorité. Selon lui, le critère quantitatif ne
peut donner de légitimité au choix. Le choix ne peut être effectué que
par quelques uns. Définir la liberté comme un principe collectif
apparaît incohérent pour l’anarchiste de droite. La liberté est
individuelle et n’est que l’apanage de quelques uns. Un gouvernement
révolutionnaire ne peut en aucun cas officialiser la liberté et les
droits qui en découlent. En effet, la liberté se choisit et se construit
grâce à la volonté et l’énergie. L’anarchiste de droite refuse donc la
légitimité de la République. Selon lui, celle-ci représente la décadence
à a fois morale et politique. Il juge le système politique instable,
corrompu et inefficace. Selon lui, la bourgeoisie détient en fait le
pouvoir et masque sa domination sous un semblant démocratique qui
conduit à une tyrannie collective.
L’anarchiste de droite hait l’intellectuel qui est l’inventeur de la
démocratie. Il le juge irréaliste, inconscient. Il lui reproche son sens
de l’histoire allant immanquablement vers le progrès. Il refuse aussi
bien le sens de l’histoire d’Auguste Comte que celui de Karl Marx.
L’illusion qu’a l’intellectuel de définir les grandes optiques
politiques apparaît donc comme un danger pour l’anarchiste de droite.
Non seulement l’intellectuel n’est pas un guide mais il pourrit les
fondements de la société. Il théorise mal et est incapable d’agir lui
même selon ses idées, lesquelles sont d’ailleurs inapplicables.
L’anarchiste de droite estime donc, à la suite de Friedrich Nietzsche,
que le XIXe siècle est un siècle de décadence à la fois individuelle et
collective. Selon lui, la spiritualité disparaît sous l’illusion du
progrès technique.
II. Proposer un idéal à la fois libertaire et aristocratique.
L’anarchiste de droite estime qu’il a le devoir intellectuel et moral
de se révolter. Cette opposition conduit souvent l’anarchiste de droite
à la violence : dans ses propos, ses écrits mais aussi ses actes.
Il s’oppose d’abord aux institutions qui sous couvert de démocratie
emprisonnent les libertés individuelles. Il fustige également l’inertie
de la collectivité aveugle. La notion de peuple lui apparaît comme un
mythe car incapable de penser et d’agir. Il fustige non les puissants
mais les médiocres qui laissent faire, voire fabriquent, les puissants.
L’anarchiste défend l’idée qu’il faut responsabiliser les hommes.
L’anarchiste de droite propose une philosophie du " moi ". Ce " moi " se
doit d’être violent, exigeant, lucide et créateur. A la suite d’Arthur
de Gobineau, il estime que le " moi " originel est primordial et qu’il
faut lui être fidèle. Les valeurs acquises durant l’enfance structurent
l’individu à jamais et doivent être sauvegardées. L’anarchiste défend
l’aristocratisme qui est pour lui la recherche perpétuelle de
l’excellence à travers les valeurs que sont l’honneur, la fidélité,
l’héroïsme… L’aristocrate est celui qui sait harmoniser la force de ses
désirs et la sévérité de leurs exigences.
L’anarchiste se découvre des valeurs communes avec l’Ancien Régime.
Il n’est pas pour autant monarchiste. En fait, il est davantage
nostalgique des idéaux de la chevalerie que de l’organisation
institutionnelle.
L’anarchiste de droite tente de présenter une synthèse entre
l’expression de la liberté la plus totale et la reconnaissance des
valeurs supérieures de l’individu. Il appartient à un courant de pensée
qui marque la vie politique du XIXème siècle dans son opposition aux
autres grands courants de pensée du siècle : la démocratie, le marxisme,
le socialisme, le bonapartisme et le libéralisme."
Jean Marc Goglin
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