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9/22/2014

Histoires affligeantes. La Conjuration Ridicule des Nigauds - Part I (extrait)

Réunion de la CRN des Terres inconnues




PART I





- « Nous estourbirons tous les mécréants et forniquerons avec toutes les dames pipi pour asseoir notre bonne fortune, comme le coucou dans le nid douillet de cette civilisation que … Euh ? Qu’on n’aime pas ! » hurla Sir John Falstaff debout sur le petit club en simili cuir qu’il affectionnait quand il voulait prendre de l’altitude. « Nous sommes une conjuration… voilà un début ! ».

Il ferma les yeux et en vint à rêver. Combien de nuits sans sommeil (tiens, il devrait écrire là-dessus), d’années d’anonymat que ça mijotait ? Son anneau pylorique faillit le trahir. Saleté de sphrinckvel … sphinx terre… sphincter… jura-t-il, intimidé par ce mot qui le replongeait dans quelques émois récents. Mais il serra les fesses non sans une certaine fierté depuis qu’il avait constaté que cela lui galbait le derrière avantageusement. Il avait l’allure d’un chef. « Maintenant faut allumer le feu.» dit-il d’une voix qu’il voulait dans le ton, lorsqu’une flatulence d’Ignatius prit l’envergure d’un point final. « Ah ! l’odeur du soufre » pensa-t-il.
- « Attendu que nous sommes tous là, nous devrions officialiser notre union par un acte administratif validant et structurant notre projet » s’exclama Akaki Akakievitch Bachmatchkine, partageant également sa petite fierté entre ce grand projet et son nouveau manteau de Hussard, signé Dolce&Gabbana, qui le propulsait vers les sommets du Tchin.

 Falstaff n’était pas contre : une vraie assise virtuelle sous blanc-seing d’un homme de robe. Il rougit au souvenir des robes de sa mère qu’il portait encore en cachette sous ses vêtements de tweed. Mais voilà, il entendait déjà les honneurs qui arrivaient au galop comme une charge de hussards, se plut-il à croire.

Le club simili cuir de chez Pier Import glissa sur le linoleum jaune de la caravane. Falstaff reconquit le sol avec férocité. Il trouva cette position ridicule tant elle lui rappelait la bataille de Patay, lorsque son aïeul se retrouva ventre à terre. Il faut noter que cette situation lui avait permis d’échapper rapidement à la bataille. Aussi décida-t-il de poursuivre la réunion dans cette posture. La tradition est une valeur !
 - « Nous pourrions créer un prix de l’Inaperçu saluant enfin les paranoïaques, hypocondriaques, égoïstes, nombrilistes, excentriques, agaçants ; les apocalyptiques qui, comme moi, sont à l’ombre de l’ombre à cause du Complot des aristocrates» éructa Ignatius J. Reilly, si gonflé d’imaginer son premier roman« l’oxymore des tristes joyeuses » porté aux nues… sûrement une statue plus tard… belle, grande, avec son chapeau melon et sa montre de mickey.

 Là encore, Falstaff n’était pas contre non plus : un prix, une maison d’édition, plus besoin de payer sournoisement l’infâme sponsor à 7 euros les 10 abonnés… la gloire pour son site, une vraie victoire… à la Romaine ! Il se promit d’aller vérifier cette expression qui avait un effet bœuf et qui changeait de son répertoire phallusien qui finissait par révéler certaines choses.

 Chacun goûtait maintenant le projet de chahuter la Dame Pipi de chez Castel avec force de mousseux blanc, et se voyait agréablement sous les traits d’un Don Quichotte gras, d’un Greffier de Collège soviétique ou d’un Big Chief du Weltanschauung.

 Le bruit de leurs exubérances se fit écho dans la caravane Trigano pliante trois places qu’ils avaient achetée à crédit ; au point de leur donner cette impression de nombre… nombre si important qu’il en devint effrayant dans la pénombre du crépuscule. Pris de panique, ils se sauvèrent comme leur avait appris Falstaff dont un autre aïeul avait fait Bouvines avec Otton.

 L’anneau pylorique lâcha. Falstaff goûta la douce chaleur sur ses jambes glabres et blanches. La victoire sentait bon, ça sentait le truc viril et haut en couleur. Il lui fallait un hymne pour célébrer cet évènement. Fou d’excitation il se souvint de cette vielle chanson identitaire occitane que lui chantait sa mère.

 Quand lo boièr ven de laurar (bis)
Planta son agulhadaA, e, i, ò, u !Planta son agulhada.

Il se prit les pieds dans la robe qui était sortie de son pantalon et sombra dans son immense médiocrité. La conjuration ridicule des nigauds venait de naître.


(à suivre ...)

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