Hermann Hesse |
"J’appris qu’être aimé n’est rien et qu’aimer est tout ; je compris
également de plus en plus clairement que seule notre capacité à sentir
les choses, à éprouver des sentiments rendait notre existence précieuse
et gaie. Quel que fût l’endroit sur terre où j’apercevais ce qu’on nomme
« le bonheur », je constatais que celui-ci naissait de la richesse de
nos impressions. L’argent n’était rien, le pouvoir n’était rien ; on
rencontrait beaucoup de personnes qui possédaient les deux et
demeuraient pauvres. La beauté n’était rien ; certains hommes et
certaines femmes demeuraient pauvres, eux aussi, malgré tout leur éclat.
La santé, elle non plus, n’avait pas beaucoup de poids ; la forme de
chaque personne dépendait de son état psychologique ; bien des malades
heureux de vivre prospéraient jusqu’à la veille de leur mort, et bien
des hommes en bonne santé dépérissaient avec angoisse dans la crainte de
la douleur. En revanche, quand un homme éprouvait des sentiments
intenses et les acceptait en tant que tels, quand il les cultivait et en
jouissait au lieu de les rejeter et de les tyranniser, il connaissait
toujours le bonheur. De même, la beauté ne rendait pas heureux celui qui
la possédait, mais celui qui était capable de l’aimer, de la vénérer."
Hermann Hesse
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