"On classe volontiers parmi les “anarchistes de droite” tous ceux qui n’adhèrent pas au conformisme de la pensée unique et de l'idéologie dominante qui s'affiche aussi bien à gauche que dans la droite honteuse depuis le triomphe des “Lumières”. C'est ainsi que je figure dans l'essai de François Richard, paru il y a quelques années dans la collection “Que sais-je ?”. Je ne récuse nullement cette appellation, mais qui se soucie aujourd'hui de savoir si Dante, Shakespeare ou Cervantès, ont pu être de droite ou de gauche ? Sans la moindre prétention, je me contente de croire que celui qui tente de témoigner pour son temps dans l'isolement d'une création artistique échappe à toute classification sommaire.
Je
constate en tout cas que nombre d'écrivains des années 30 parmi les
meilleurs, Chardonne, Montherlant, Drieu, Morand, Jouhandeau et quelques
autres, sans parler bien entendu de Céline, arbitrairement classés à
droite, et qui ont payé pour cela, n'en faisaient pas moins les délices
de Mitterrand, qui avait le bon goût de ne pas cacher sa paradoxale
prédilection. Mitterrand, icône de la gauche officielle, était au fond
tranquillement fidèle à sa jeunesse monarchiste, et mérite considération
et sympathie pour tout ce que nos médias lui ont haineusement reproché à
la fin de sa vie (ferme refus de “repentance”, émouvante et brillante
improvisation, au Parlement de Berlin, sur le “courage des vaincus”,
etc.).
Les premiers mots dont je me souviens ont été ceux d'une berceuse basque toujours populaire en faveur de don Carlos, “el Rey neto”,
soutenu par la tradition navarraise contre la farce constitutionnelle
de l'oligarchie prétendument progressiste attachée au règne factice
d'Isabel. Curieusement, Marx a exprimé son estime et sa préférence pour
l'insurrection carliste, dont les fueros populaires, nobles et
paysans étroitement mêlés et solidaires, offraient l'image d'une
démocratie autrement juste et authentique que le simulacre bourgeois
hérité de nos mystifications révolutionnaires. C'est à cette image, bien
évidemment de droite pour nos éminents penseurs professionnels, que je
me suis toujours voulu fidèle."
Jacques d'Arribehaude
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire