Il n'a pas la tête de l'emploi,
quelques poils gaulois sous un nez épais, le cheveu haut sur le front et le
regard indolent. Plus anti-héros moderne que zentropiste italien bodybuildé et
sur-tatoué de roses rouges, Xavier Eman, un nom plus qu'un visage, identifié succinctement comme "journaliste indépendant", rédige des piges pour
les sites non conventionnels : Boulevard Voltaire, Novopress, la Dissidence ou
écrit des articles pour la revue Présent ou Livr’Arbitre. Ajoutons les
multi-re-post du blog-aspirateur-régurgiteur Zentropa.info et ses
remoras ; et voilà toute l'empreinte médiatique de ce discret rédacteur.
Mais qu'importe ! la plume est affûtée et vive au service d'un angle
d'attaque original.
Nous avons découvert Xavier Eman par
son blog « A Moy Que Chault », son enfant caché depuis octobre 2014,
où il appelle de ses vœux : « une aube immense et rouge ».
Projet qu"il affiche au fronton de son blog en y plantant une affiche
subversive (ou pas), comme un nœud à son mouchoir. Au fil des billets on le
découvre grincant contre les petits cons coincés entre leur fausse morale
chrétienne et leurs vraies aspirations bourgeoises. Il dénonce avec verve les
élans virils, les affirmations sanguinaires, les extrémités rigoureuses qui finissent par s’étioler dans la bibliothèque-salon-bureau de papa ou sortir prématurément entre les seins d'une putain algérienne (les palestiniennes
antifas étant plus rares) en écoutant les premières notes du Mutter de
Ramstein.
Il est bien Xavier, sur son blog.
On se sent entre potes à discuter sans se mentir de valeurs, de famille et de
civilisation. On suit le fil des états d’âmes du sombre François et les
dialogues eroticos-comicos-réactionnaires d’Elle et de Lui. On y parle
d’aujourd’hui, d’Ikéa, de l’oncle Gérard qui aime caresser les cuisses
pré-pubères au bord de la piscine familiale, de Jeannot (25 ans de SNCF dont 10
de détachement syndical), du bruitage de la politique moderne, de l’IPhone 6,
du boulot de merde, du vice des zad-fascistes-antifas, de la tromperie des
faf-camarades-hipsters, des filles vulgaires qui s’appellent Enguerrand ou
Marie-Adeline, des Pegidas, des muzz, des noirs, des Podemos, des
tout-ça-c’est-la-même-choses, des emmerdeurs, des « qu’ils se les carrent
profondément dans le cul » dans une époque où c’est à la mode. On se
souvient également des vieilles pierres, des origines provinciales de la
famille… on n’affirme pas « avant c’était mieux » ou « je te l'avais
bien dit ».
Et puis, il y a le refrain
« la, la, la, », lo spirito di Roma, les affiches de conférences, il
cite Lamartine, Farida Belghoul, Hervé Juvin ou Guy Debord, fait de la réclame
pour l’absinthe, le train de nuit Paris-Rome, demande à ses lecteurs d’écrire
des lettres à des potes logés Casa Circondariale di Viterbo.
A moy que chault est un des blogs
que nous visitons régulièrement car il est le seul à réussir cet exercice
périlleux de parler sans prétention, sans bouche en cul de poule, sans morgue postillonnante ou effets de manche, de la joie de servir, du courage des vieux
cons, de la croyance en la jeunesse, du oï oï oï, « d’un petit pays, un
petit bout de terrain qui ne ressemblera pas à grand-chose, fait de
littérature, d'amitié, de souvenirs, de chants, de rêves, de délires, de
douleurs et d'enivrement ».
RNHC
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