« La crise de l'enseignement n'est pas une crise de l'enseignement ;
il n'y a pas de crise de l'enseignement ; il n'y a jamais eu de crise
de l'enseignement ; les crises de l'enseignement ne sont pas des crises
de l'enseignement ; elles sont des crises de vie ; elles dénoncent,
elles représentent des crises de vie et sont des crises de vie
elles-mêmes ; elles sont des crises de vie partielles, éminentes, qui
annoncent et accusent des crises de la vie générales ; ou si l’on veut
les crises de vie générales, les crises de vie sociales s'aggravent, se
ramassent, culminent en crises de l'enseignement, qui semblent
particulières ou partielles, mais qui en réalité sont totales, parce
qu'elles représentent le tout de la vie sociale ; c’est en effet à
l’enseignement que les épreuves éternelles attendent, pour ainsi dire,
les changeantes humanités ; le reste d’une société peut passer, truqué,
maquillé ; l’enseignement ne passe point ; quand une société ne peut pas
enseigner, ce n’est point qu’elle manque accidentellement d’un appareil
ou d’une industrie ; quand une société ne peut pas enseigner, c'est que
cette société ne peut pas s'enseigner ; c'est qu'elle a honte, c'est
qu'elle a peur de s'enseigner elle-même ; pour toute humanité,
enseigner, au fond, c'est s'enseigner ; une société qui n'enseigne pas
est une société qui ne s'aime pas ; qui ne s'estime pas ; et tel est
précisément le cas de la société moderne. »
Roger Nimier
Le soleil est pres de moi.
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