« Je vois monter à l’horizon avec la lenteur de tous les processus dont
se compose la vraie histoire de l’homme, un grand mécontentement qui ne
ressemble à aucun de ceux que l’on a connus jusqu’ici.
On ne s’insurgera
plus seulement, comme dans le passé, contre le règne d’une tendance
déterminée, pour faire triompher d’autres tendances. On s’insurgera pour
l’amour de l’authenticité dans la réalisation contre la fausse manière
de réaliser une grande aspiration de l’aspiration à la communauté. On
luttera contre la distorsion et pour la pureté de la forme, telle que
l’ont vu les générations de la foi et de l’espoir. » Un « nouveau Moyen
Âge » comme l’ont entrevu Berdiaeff et Chesterton ? Les ricorsi ne sont
pas de pures répétitions ni même de simples renouvellements. Sûrement :
une manière de rendre vaine l’opposition de l’individualisme et du
collectivisme, telle qu’en usent, pour leurs courtes ambitions, les
barbares et les freluquets. L’âge des héros rebâtira un pouvoir ; il
n’est pas de grand siècle du passé qui ne se soit donné cette tâche même
aux âges simplement humains, où les familles, lassées de grandeur,
confiaient à quelque César leur destin, à charge de maintenir le droit
commun, le pouvoir reconstruit gardait quelque saveur du monde
précédent.
Notre société n’a que des banques pour cathédrales ; elle n’a
rien à transmettre qui justifie un nouvel « appel aux conservateurs » ;
il n’y a, d’elle proprement dite, rien à conserver. Aussi sommes-nous
libres de rêver que le premier rebelle, et serviteur de la légitimité
révolutionnaire, sera le Prince chrétien."
Pierre Boutang
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