“En fait, pour lui, esprit simple et peu porté
aux préciosités, le monde des hommes se divisait en deux : les opposants
au chaos et les complices de celui-ci. Les complices du chaos, actifs
ou passifs, pouvaient être drôles, brillants, habiles, fins, séduisants,
charismatiques, géniaux même, pourquoi pas, ils étaient néanmoins ses
adversaires, ses ennemis et ils le désolaient quand ils ne le faisaient
pas carrément dégueuler. Il est des époques qui imposent un minimum de
sérieux et, surtout, de conscience d’un intérêt général, d’une simple
nécessité de survie. François pensait que nous vivions l’une de
celle-là. Cela le rendait peu amène et même assez largement odieux,
insortable en tout cas. Il n’était ni léger, ni détaché, ni brillamment
cynique, crimes mondains dont on ne se relève pas.”
Roger Nimier, Les enfants tristes, 1951
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