"Un
vrai poète, un grand artiste du langage, qui cherche et invente
toujours, qui composait dans sa cage de fer son chef-d’oeuvre, Les
Cantos de Pise, dont ni la prison ni la vieillesse n’ont tari la verve
créatrice. Ezra Pound rejoint Villon, Rabelais pourchassé,
demi-clandestin, Balzac dans sa turne, Stendhal ignoré dans son trou,
Nerval le vagabond pendu, Dostoïewski le forçat, Baudelaire traîné en
correctionnelle, Rimbaud le voyou, Verlaine le clochard, Nietzsche
publié à compte d’auteur, Joyce sans feu ni lieu, Proust cloîtré dans un
garni, moribond, mais la plume en main, Brasillach écrivant ses Bijoux
les chaînes aux pieds, Céline foudroyé à sa table dans son clapier du
Bas-Meudon. Après tant d’exemples, comment douter que Pound est dans le
bon camp, le vrai camp, le seuil qui compte, celui qui enrichit les
hommes, survit dans leur mémoire?”
Lucien Rebatet à propos d’Ezra Pound
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