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8/19/2014

Tournoyer dans un gouffre infini

Caffè nero della Pace in Rome


“ Je me félicite d’avoir goûté à l’art de vivre à la française quand il en était encore temps. Dans l’actuelle confusion des valeurs où la télévision, le football et le tennis constituent le nec plus ultra de la convivialité, on dirait que, la société étant devenue moins répressive, moins guindée, on doive payer tribut à la platitude et à la bêtise. (…) Nous n’étions pas, comme les jeunes gens de maintenant, déformés par la publicité et les puissances audiovisuelles. Les meilleurs d’entre nous s’en remettaient à leur curiosité, à leur initiative, à leurs inclinaisons secrètes. Les régimes totalitaires ont fait peser sur leurs sujets l’uniformité de la peur, de la contrainte (…) les états démocratiques se servent d’une arme plus aimable, la liberté. Cela revient presque au même. La liberté embrigade, nivelle, fait tournoyer dans un gouffre infini. Tout tient dans ce “presque”. Ce n’est pas le même infini, le même chaudron géant où s’engendrent et se déposent les façons de penser d’aujourd’hui, les idées à la mode. Hélas! La jeunesse vit sur son propre fonds et ne me lit pas. Mais lit-elle encore? Elle comprendrait mieux le martien que mon langage, pourtant si clair."

Marcel Schneider

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