Les ambitions de Falstaff grandissaient. Il finissait par
oublier qu'il payait les étudiants en mal de ressources pour alimenter son site
en commentaires flatteurs. Il rédigeait les notes durant sa pause au Mc Donald : "Splendide",
"Quel style", "Ah ! Que c'est beau !", " Très
explicite et pertinent" pour les débuts fébriles. Puis, pris au jeu de sa
suffisance, il se mit à prendre rapidement le contrepied de toutes les
moqueries qu'il essuyait au boulot en même temps qu'il grattait le sol couvert
de frites maculées de ketchup. Ainsi, l’insulte "couille molle"
devenait "voilà un site couillu", l'incontournable "pov’
cloche" se traduisait immédiatement en "un vrai club dandy"...
Falstaff se transformait, au fil des commentaires qu'il découvrait au petit matin,
après une nuit sans sommeil. Oubliant qu'il en était l'auteur, il explosait de
joie, appelait Ignatius et Akaki.
- "Nous sommes sur la voie, la plèbe se prosterne, les
pétasses nous rejettent, nous sommes des aristos, nous sommes parvenus "
criait Falstaff transi en pensant à cette salope de Sabine et toutes ses
congénères dégénérées. Il eut un retour de fiel en pensant à ce terrible moment
pendant lequel Maman lui avait demandé
si Sabine n'était pas un peu vieille
pour lui et pas trop vulgaire ? L'autre conne. Le Club sera mysotruc... savait
plus !
Leur site internet proposait désormais un vomi continu de
citations des écrivains maudits dont Falstaff avait récupéré les noms étranges
sur la toile... nuitamment (il adorait
ce côté comploteur, dans le dos... y paieront tous). Il faisait renifler le nom
d'auteur à Akaki qui se lançait à la recherche des citations sur internet,
privilégiant les sites spécialisés dans la citation, mais avec une préférence
marquée pour le pillage des sites qu'il jalousait pour leur force, leur
cohérence, leur richesse. Il recopiait ces belles phrases rugueuses une fois
que Falstaff avait fait le tri. Il fallait encore cacher quelques-unes de ses
pulsions, y aller par touche, un pas en avant... deux en arrière... tellement
de haine, de viscosité, de bile en un coup, ça finirait par le révéler dans
toute sa crasse.
Les citations recueillies par pelletés bouchaient son inculture tout en aveuglant les premiers idiots qui visitaient son site. Un coup pour les enturbannés, les colorés, les pas-comme-moi, les vrais aristos, les jeunes, les viocs, les salopes... tous, tout le monde ! Puis on dit qu'on les aime tout ces gens là... c'est pas nous, c'est l'écrivain ce salaud de collabo d'extrémiste... et vlan, comme ça, lui aussi, en prenait dans les reins, par derrière... une entourloupe à la Falstaff. Toujours un pic bœuf dans la main (voilà un symbole).
Les citations recueillies par pelletés bouchaient son inculture tout en aveuglant les premiers idiots qui visitaient son site. Un coup pour les enturbannés, les colorés, les pas-comme-moi, les vrais aristos, les jeunes, les viocs, les salopes... tous, tout le monde ! Puis on dit qu'on les aime tout ces gens là... c'est pas nous, c'est l'écrivain ce salaud de collabo d'extrémiste... et vlan, comme ça, lui aussi, en prenait dans les reins, par derrière... une entourloupe à la Falstaff. Toujours un pic bœuf dans la main (voilà un symbole).
Ignatius revenait sans cesse à la charge pour faire paraître
son livre "l'oxymore des tristes joyeuses" en épisodes comme au temps
des grands journaux et des grands auteurs. Le refus de Falstaff restait
étrange.
C'était que la transformation de Falstaff était telle qu'il envisageait de passer plus tôt que prévu à la phase deux de son plan. Ignatius n'y avait jamais eu de place... ni Akaki... petits larbins grassouillets et fidèles comme des épagneuls. Phase deux qui était, finalement, à bien y réfléchir, le seul objectif de cette apparition sur les réseaux.
L'idée géniale était de glisser ses propres écrits entre deux citations grandioses, comme des parenthèses insignifiantes ouvrant sur quelque chose de plus important... lui, ou plutôt ses écrits d'adolescents, sa haine... tout ça, c'était pareil ! Mettre du Falstaff entre Bloy et Céline, c'était le Big Mac du McDo avec trois tranches de steak et un supplément Coca...
Sa recette : un peu de couillu, de branlette (le sexe ça paye), du dégénéré avec du bide comme Flaubert qui n'aime pas le sport... toutes ces sales tronches formaient le bataillon des héros décalés...
Les salauds seraient les forts de la cours de récré, la tante Marie-Chantal et son viager, les femmes minces, les guerriers, combattants, tous ces insolents, ces instinctifs de la facilité, de la culture ou de l'amitié… toute cette engeance qui constituait le monde dont il était exclu.
C'était que la transformation de Falstaff était telle qu'il envisageait de passer plus tôt que prévu à la phase deux de son plan. Ignatius n'y avait jamais eu de place... ni Akaki... petits larbins grassouillets et fidèles comme des épagneuls. Phase deux qui était, finalement, à bien y réfléchir, le seul objectif de cette apparition sur les réseaux.
L'idée géniale était de glisser ses propres écrits entre deux citations grandioses, comme des parenthèses insignifiantes ouvrant sur quelque chose de plus important... lui, ou plutôt ses écrits d'adolescents, sa haine... tout ça, c'était pareil ! Mettre du Falstaff entre Bloy et Céline, c'était le Big Mac du McDo avec trois tranches de steak et un supplément Coca...
Sa recette : un peu de couillu, de branlette (le sexe ça paye), du dégénéré avec du bide comme Flaubert qui n'aime pas le sport... toutes ces sales tronches formaient le bataillon des héros décalés...
Les salauds seraient les forts de la cours de récré, la tante Marie-Chantal et son viager, les femmes minces, les guerriers, combattants, tous ces insolents, ces instinctifs de la facilité, de la culture ou de l'amitié… toute cette engeance qui constituait le monde dont il était exclu.
J'ai préféré la Part I ! Mais nous avons tous notre raclure de Falstaff sur lequel il est bon de s'essuyer les pieds... Lui mettre un nom sur la trogne, c'est bon ! Il n'y a rien de pire qu'un fion qui se prend pour une tête !
RépondreSupprimer"...tellement de haine, de viscosité, de bile en un coup", ça y est je viens de les trouver sur Facebook. C'est pas le club des cinq mais le club des huit crachoirs. C'est ça ? Des receptacles à crachats !
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